mercredi 15 février 2012

ROAD TRIP 2 : MARGA, du bidoigt en veux-tu en voilà ; CHULILLA, du bidoigt en veux tu y’en a pas...



Nos petits doigts suintaient déjà rien que d’y penser. Des projets plein la tête, une mule dans chaque bras, et le A Muerte Bicho spirit pour consolider tout ça, nous arrivâmes caravane au fiacre au parking du barrage de Margalef.

Mais voilà qu'une impression de retour sur l’hexagone nous saisit à la gorge. Une armada de François qui déambulaient tels des Lemings de part et d’autre de cette parcelle. On pouvait entendre de-ci de là:
« Diantre où se trouve mon écumoire !»
« Sacrebleu cet endroit est une vrai poubelle ! »
Certains étaient à la recherche du lieu sacré pour poser l’étron béni, d’autres coiffés de bérets cherchaient une boulangerie pour acheter une baguette, et les derniers monopolisaient 80% du parking pour la pratique de la sainte pétanque, jaune à la main bien sûr !

Un vrai film d’horreur au premier abord... nous tentâmes, une fois la caravane posée, d’établir un dialogue avec eux.
Mais mort bleu !! c’est en nous approchant que nous reconnochiases les manants !!! qui en fait étaient de bon potes à nous...



Le premier groupe était composé de 5 manouches caravanier dans un breack pourri et qui tractait une petite Eriba coquette mais bien moins luxueuse et fonctionnelle que la Casita. Le chef de file était un certain Mika Duc Ceusard pure souche qui découvrit les lolottes, et tout autre mouvement de corps latéraux, il y a pas moins de 6 mois malgré ses 15 ans de pratique de l’escalade.

Ses acolytes Mathieu, Jerem, Leo et Jean-Christian étaient peu farouches, et au demeurant fort sympathiques.

Soudain, c'est en me retournant que j’ai cru voir une bête sauvage, à la carrure plus solide qu’un roc, un sanglier était-ce ? non... puisque son faciès me disait quelque chose, et qu’il roulait en 106. Eureka un nonogradiste! la star niçoise : le grand Guigui Lebret (« javali number 1 »).

Guigui dans "Los Ultimos Vampiros Hippies" 8c

Il avait cependant une petite mine, et j’ai appris par la suite qu’il était en période de sevrage de colonettes et autres pinces en tout genre. Les monodoigts de Marga devaient lui servir de  placebo. Les quelques déculottées successives ont cependant rendu l’individu pantois et pensif dans un premier temps. 

Après un gros travail sur lui même, les premières croix sont tombées. Un moral de conquérant lui a permis d’empocher son premier 8c margalefien, après 150 essais aprox par série de 5 re-start et 5-6 assauts, soit 25 runs approx /jour. A noter le caractère légèrement bloc de la voie « Los Ultimos Vampiros Hippies ». Muy bien titan, aprietas la presas como una monja ! J (traduction : tu es très fort).







             tout un fan club pour le javali number one dans "Los vampiros..." 8c

Notre pote Etienne (el Rabit) fera de belles vocalises et torchera son premier « Sudoku » 7c.


Etienne dans un 7b à l'Ermita

L’autre Etienne (grenoblois), se frottera a la « Rocaina Dura » 8b+ malheureusement sans concrétiser, et se payera en lot de consolation "El bal del triceps" 8b et une ribanbelle de 8a-8a+.




 Etienne le grenoblois dans le crux de "Rocaina Dura" 8b+


Joris concasse son premier 6c avec stupeur et volupté.

Mika en grande forme est allé mettre les paires dans « Vuitre Art » 8a, dans le but de voir à quoi ressemblait la voie... Il clippa avec stupeur le relais sans tomber ni se faire prendre à l’insu de son plein gré (comme une certaine Charlotte Du Riff :origine Maroc) ; bref « à vue » comme on dit dans le jargon, et pour la première fois dans ce niveau. Bilan : une demi lolotte et une ébauche de quart externe.


Mika, ecolo de salon, utilise du sac plastique à foison 

Il gratifiera la plèbe d’un essai flash dans le 8b du « Bal Del Triceps » avec des amorces de mouvements dynamiques, et tout le reste à l’apogée du statique. J’avais l’impression de contempler une vraie pelle mécanique en action.



Mika dans "El Bal Del Triceps" 8b




Etienne dans "Vuitre Art" 8a


En ce qui me concerne, ces 2 semaines à Marga ont été l’occasion de re-rencontrer le plus espagnol des grimeur français, l’homme qui dans son cerveau possède une petite boite pour les méthodes de chaque voie qu’il a essayé, j’ai nommé : Renaud Moulin.








Equipeur de génie, consciencieux, un vrai artisan du BTP de l’escalade, l’animal nous avait encore pondu des petits bijoux, et notamment au secteur Espadelles, avec entre autre :
Rocaina dura 8b+. Après une First Ascent magistrale à vue de sa sainteté Iker Pou (Amen),





la deuxième ascension restait en suspend et très convoitée : l’équipeur lui même, Andrada, Etienne, et bien d’autres.

Cette ligne parfaite, de dévers ultime, gorgée de bonnes prises, avait le pouvoir également  d’attirer les phacochères des voies Barabes (rando)...
Un certain Tony A, est même venu saucissoner dans les règles de l’art, et tacher de magnésie des prises qu’il ne serra jamais capable de serrer...
En redescendant il proclama dignement aux gens qui étaient autour, et une fois que l’équipeur avait le dos tourné  « que ça ne l’intéressait pas puisque de toute façon la voie était taillée »...  
Moi, de larcins, je n’en ai pas vu ! 
J’ai plutôt noté le travail de titan de l’équipeur (Renaud) qui nous a laissé une voie mort-classe, propre (comme le cul d’une nonne), et surtout, pas douloureuse (comme les menstruations de Vincent Mac Doum), ce qui tient de l’exploit a Marga.
                                                                                                                                                                                 
                                                                                                            


 Iker dans "Cocaina Pura y Dura" 8c 
(variante de droite de "Rocaina Dura")


La voie était purement dans mon style et je me suis adjugé la première répétition en 2 petits essais.





Adri dans "Rocaina dura" 8b+






















L’autre voie qui me tenait à cœur, était au secteur l’Ermita, et équipée de main de maître par Vincent Palau : la « Adictes Al Limit » 8b+ bien tapé et encore une fois first ascenté, flash, par son excellence Iker Pou (imnomini sanctus Amen). 

Je torche après un bon combat psycho de 10 runs et sous les encouragements d’Iker (Amen again), qui était filmé en même temps dans sa nouvelle réalisation en 9a+ « Nit De Bruixes ».


Une section finale démoniaque sur petits bidoigts dans du bon dévers m’a décontenancée, et m’a laissé les menottes comme deux gros steacks tartares.




            Adri dans " Adictes Al Limit" 8b+


                                              



J’ en profite également pour planter mes premier spit à Marga au secteur Espadelles, entre « Los Vampiros » et le « Bal Del Triceps ». La voie se nomme « El Tango Del Javali » 8b+ indécotable,  il me manquera pas grand-chose pour l’enchaînement, mais un gros steack sur le majeur aura raison de moi. La voie se caractérise par un gros pas de bloc sur monos au début, autour du 7c /+ bloc, et suivi d’un 8a+ voie claffit de monos dans des coulées bleue et orange ; un petit bijou. Je vous laisse deviner qui a fait la first ascent.... Amen.


Iker dans "Cocaina..." 8c



Mon ami bloqueur Alfonsito s’y est frotté, en voici quelques photos.




 Alfonso dans "El Tango Del Javali" 8b+ dur ! (Dixit Dieu, Amen)

A noter que ce javali number 2 s’était adjugé la veille « Darwin Dixit » dans des conditions de pluie apocalyptique, à croire que l’espèce humaine est en train d’évoluer grandement ces derniers temps, a muerte bicho !!


Alfonsito dans l'enchaînemment de "Darwin Dixit" 8b+






Carole était en  grande forme, et malgré les restes d’une tendinite au doigt, elle torche « Laura » et le « Vuitre Art » en 8a, « El Systema » 7c+ ainsi qu’une autre création du frenchie catalan Renaud : « Les Artisans » 7c+ d’anthologie.


Carole dans "Telemaster" 8a en projet







Renaud dans la dallouse finale des "Artisans" 7c+


On se rappellera la soirée crêpes d’inauguration de la caravane13 personnes (12 français, un allemand, et un chat noir) ont pris place pour déguster ce fabuleux met.




                                    





La suite du périple était en accord parfait avec les prévisions météo qui annonçaient une vague de froid sibérien. Direction le sud vers Valencia, et la soit-disant mythique Chulilla dont tous les espagnols dans le 7c-8a parlent tant à l’heure actuelle.

Le site est magnifique, dans une ambiance tropicale entre les palmier et les plantes grasses, les parois sont impressionnantes par leur ampleur, et le caillou... est une sombre merde dans sa globalité.



Il faut l’admettre certains disent que le site Orgon canal est patiné...je dis non !! Venez d’abord a Chulilla avant d’ergoter de telles foutaises.
Car en outre d’être la (soit-disant) Mecque de l’escalade actuelle, c’est aussi un site d’intérêt, pour le patinage artistique, Philippe Candelerau viendrait même s’y entraîner  secrètement.







Il y a de grandes chances qu’avec une belle barre à mine de 10 m, on puisse peut-être purger et faire tomber le pan de falaise entier, afin de voir si par mégarde il n’y aurait pas quelque chose de plus classe en dessous....

Ne soyons pas aussi mesquins ! La réalité de la chose n’est pas aussi noire, mais plutôt grise foncée : une bonne partie des voies sont très mal équipées (retour au sol, blocs énormes plus qu’instables, écailles de plusieurs mètres carrés qui demandent qu’à partir sur la tête d’un gentil assureur...).
Et la cerise sur le poteau ; la typologie de la roche fait qu’elle se patine en quelques mois.






Mais on s’habitue à tout et quelques lignes sont tout de même de belles envolées de 40m.

Les lignes d’interêt :

« La montana magica » 8a/+ soft, grande envolée de conti sur du super caillou.
« Planeta Namec » 8a dur, du marbre mais une gestuelle sympa.
« El buffa » 7c+ classe, conti, à lecture.

Tous les autres 7c et 7c+ ne m’ont pas vraiment convaincu.

Les moins pires :

« Los incredulos » 7c dur
« El diable viste de prana » 7c dur

Remarque : royaume du Barabes, enlevez une demi, voire une cote, aux cotas annoncés....
Avis aux décoteurs professionnels (notamment G L) : Y a du boulot !!!

Croix :

Renaud tord en jour de récup « El buffa » 7c+ ou 8a selon les avis au premier essai, ainsi qu’une guirlande de 7c-7c+.

Carole se paye deux 7c/7c+, et tombe flash la gueule sous le relais de « Tequila sunrise » annoncée sur le topo à 8a+ et qui vaut pas bien plus que 7c.
Elle se consolera en flashant le vrai 7c de « Moon safari ».  

Moi même j’en profite pour réussir toutes les voies essayées flash ou à vue.
« La montana magica » 8a/+ Flashé de compet par mon ami Béto,
« Planeta Namec » 8a à vue ,
« El buffa » 7c+ à vue,
Et la ribanbelle de 7c qui tapissent le spot.


Après 3 jours de varappe, la migration semblait obligatoire, direction Sella vers Alicante puis Grenade, the show must go on !! la suite au prochain numéro.





Texte:
Adrien Boulon et
Carole Palmier

Photos:
Carole Palmier, Adrien Boulon, Yann, Guillaume Lebret, Etienne Seppecher.

dimanche 12 février 2012

ROAD TRIP CARAVANIER : Cervezas, Aceite y Algo de escalada !!!


Voici l’énoncé de l’histoire : Carole et moi-même avons pris 3 petits mois de disposition pour assouvir une soif obnubilante de substances riches en vitamines et oligo-éléments, ainsi qu’une faim irasasiable de caillou pur et dur, celui qui fait des petits trous dans les doigts, et qui peut concatomiser vos musclounets pour n’en laisser qu’un vulgaire amas de chair, désossé et dénervé par le meilleur des bouchers bulgares.


Notre mode de déplacement et d’hébergement permet un compromis parfait entre luxe, confort et rusticité primaire. Dans la pure tradition manouche (la BMW en moins), nous avons attelé a la Yaris turbo V8 une caravane pliable achetée à un charmant paysan aveyronnais. La caravane était à la limite de la décomposition spontanée. 
Après 2 jours de nettoyage, et 3 semaines de restauration, la citrouille s’est transformée en carrosse rutilant, dont le confort aurait pu s’apparenter a un parador espagnol (avec le chauffage en moins).




La décoration a été élaborée par un créateur de renom, qui désire cependant garder l’anonymat vu que le résultat a transformé notre roulotte en une « casita closa », aux rideaux zébrés, au lino d’époque, et aux motifs floraux aussi ridicules que les sous-vêtements d’un certain ressortissant corse.






De nombreux doutes et interrogations de la plèbe étaient émises quant à la possibilité de tracter une si petite caravane avec une voiture aussi puissante...


L’expérience en a prouvé le contraire, car c’est à peine partis que nous avons doublé notre premier cycliste, sans même lui arracher un membre. 

Bizarrement, avec la légère mutation Yarisale caravanière, les viocs n’étaient plus apeurés par la bête. Ils osaient sans crainte traverser sur les passages piétons, malgré la réputation internationale de la « Furia Blanca » (Yaris). 


Plus efficace que la canicule, elle a déjà opéré à grande échelle dans le sud de la France. Au menu : tarte tatin de vieille caramelisée sur bitume frais, papillote de vieux crouton dans sa sauce au vin rouge, brouillade de grabataire dans son jus de champignons plantaires confits...


Le camouflage était parfait, et d’une efficacité redoutable ! Mais l’objectif premier du trip était à l’opposé de cette grande cause humanitaire, et d’avantage d’ordre sportif : la varappe à main nue crée par Dieu au début des années 90.

Le premier arrêt de 2 jours fut les Terradets.















Selon une vieille légende Grenobloise, j’ai ouï dire que c’était le royaume du 7c-8a Barabes  (« rando » en espagol). La fleur au fusil et le pied à l’étrier, plus téméraires que le 4ème mousquetaire, chaussons aux pieds nous tentâmes la concatomisation de voies à vue. 

Très rapidement nous avons dû sortir les rames, pour progressivement ôter nos pantalons et se faire déculotter comme il se doit. Surtout une certaine demoiselle dont le nom s’apparente a un arbre tropical.

Croix : 

Adri 
« Millenium » 8a à vue
« Mallorca es funky » 7c+ (sur-couillu) à vue

Carole 
« La marche d’approche »  3a à vue
(et le 7b d’échau ).


Avides de performances, nous voilà donc partis vers le temple de la haute difficulté, où semblait-il, depuis quelques temps, avait lieu une grande campagne de soldes... Oliana, lieu mystique fabuleusement embelli par Big Up Productions.



Ce spot a malheureusement subi les assauts de hordes de grimpeurs, et pourrait être à l’heure actuelle exploité par des pompes funèbres pour son marbre de grande qualité.

Les promotions les plus alléchantes : 30% de bon caillou pour 70% de kairn en boîte.
Les classiques comme Maroncita, China Crisis, ou même quelques voie mystiques de Sharmito sont vraiment de belles bouzes encore fumantes !

Les seules lignes attirantes et majeures comme Mind Control, Humilde, etc, disposent d’un gracieux départ commun avec un guichet, et une file d’attente aussi longue que pour un concert de Lorie dans le Maine et Loire.

Jan met un run de plus dans "Mind control" 8c+ après 3 heures de file d'attente et 12 barbapapas ingurgitées.


Bref on a vite pris la tangente et après quelques runs dans de belles voies, T1 full equip 8b+ et Mishi 8a pour carole (qui se l’adjuge en quelques essais), direction une valeur sûre : Margalef la Grande !!!!


la suite dans deux jours

Seguimos a muerte bichos!!

Texte et photos

Adrien et Carole