dimanche 18 décembre 2011

BOULAK SOULAK ET 2 KODAKS FONT DU TOURISME EN CORSE.

Soulaq aux prises avec la guirlande 8a


V’la’ti pas qu’un certain autochtone insulaire, s’approche un jour de moi, avec une attitude peu farouche, sans aucun motif d’hostilité mais avec un discours totalement dénué de sens.

J’ai immédiatement compris que l’animal voulait rentrer en contact avec moi et tentait d’utiliser le langage oral comme mode de communication. Sans aucun succès dans un premier temps.

Son excitation était palpable, le Soulak venait d’avoir une idée !! cela peut paraitre anodin, mais pour cette espèce d’être humain c’est un évènement unique, dont la fréquence est dans le meilleur des cas annuelle, et dans le pire des cas menstruel….Bref autant vous dire que ce jour la, le Soulak était à la limite du saignement de nez.
Grace à mes quelques connaissances en grec ancien j’ai aisément décrypté son message.
Le sapajou voulait partir sur son ile, il disposait d’une carte au trésor, enfouie au plus profond de son cerveau. 
Elle était sensée nous emmener pour le meilleur et aussi pour le pire au fin fond de la Corse profonde, dans un endroit idyllique où les saucissons et les lonzo poussent naturellement sur les arbres et  le plastique ne sert pas à élaborer des sacs cabas mais plutôt a faire disparaitre les immeubles qui dénaturent le paysage.

Apres 2 cubis de rouge le projet commence à me paraitre viable…on prend les billets….  Notre budget était colossal. Après mure réflexion nous avons pris la décision d’investir dans 2 appareils jetables kodak flash, pour immortaliser ce périple potentiellement riche en émotions et en sensations fortes. 


La barque qui nous mena en terre sacrée était dépourvue de rames, mais rempli de viocs et de pinsuts en tous genres, ….  Apres une infusion aux herbes médicinales nous trouvâmes dans ce rafiot un petit coin douillet à coté d’une porte de service, au plus proche des moteurs, dans le seul but d’établir un camp manouche dans les règles de l’art.
A notre réveil, quelques pièces de 1 euros étaient miraculeusement disposées dans les sous-vêtements sales du Soulak assoupi. Le trip commençait bien !!

 Le Soulak en habit traditionnel

Premier arrêt un secteur de molasse près de Saint Florent,.

 Ca penche


 Encore plus...

 L'accès au site est réglementé....en Yaris ça passe!!! 

Ce petit site est unique, puisque que c’est le seul au monde à disposer de sika sous forme naturelle !! Des coulées, des résurgences et autre tartines de ce composant magnifique, enduisent les 8m de voies sublimes, de  ce spot original.....qui a pourtant le mérite d’être là !!

Quelques voies sont cependant d’interet, un beau 7c sur réglette bien extrême et quelques belles voies dans le 6c. Le 8a plutôt 8b est pas majeur et me décapsulera littéralement l’index droit.
Nos amis locaux :Thierry et Cyril ont profité de leur journée pour s’échauffer, mettre des « jambons » (genoux en corse) et faire circuler le sang dans les bonbonnes.
Le  but de la manœuvre était simple et purement èducatif:
une simple démonstration par A+B pour nous enseigner qu’en Corse, sans échauffement la puissance n’est rien!!!!
Ce mode de pratique de la varappe, limite les risques  de claquage ou de surentrainement et augmente la quantité journalière de charcuterie potentiellement ingurgitable.

Quand je parle de locaux, bizarrement je ne cite que nos 2 acolytes Thierry et Cyril qui sont littéralement les bibles de l’escalade sur l’ile : thierry comme equipeur et rédacteur en chef des topos et cyril comme ouvreur de bloc de génie (développement de la zone de bloc de Petreto).

 Cyril, maitre des lieux, a Petreto




 Thierry en récup active après l'échauffement 

Le Soulak natif de la région et autochtone pendant plus de 18 ans, à ma grande surprise se retrouve en terre inconnue dès que le mont Gozzi est en dehors de son champ de vision. Il ne dispose d’aucun topo et ses souvenirs sont aussi approximatifs qu’un vieillard de 80 ans en phase terminale d’Alzheimer… le jeune homme dans la fleur de l’âge est cependant plus vaillant que Dartagnan. Le bougre est capable de partir fleur au fusil dans une voie de terrain d’av avec des souvenirs plus que parcellaires de l’itinéraire… autant vous dire qu’on était pas près d’apercevoir l’entame d’une grande voie…

Mais le destin fera, que ce petit détail ne sera pas la cause de notre déroute.
La faute à mon gros orteil qui après une blessure inconnue et non identifiée m’empêcha de supporter mon chausson, sur plus d’une longueur.
Une seule grande voie aura été réalisée, "pêché véniel", voie majeure sur du granit sur compact au mont Gozzi, avec une très belle longueur clé en 6c plein dévers et plein gaz !!
Après cet incident le trip c’est donc rapidement réorienté vers de la couenne, bien grasse et bien majeure.

 
 L'entame de pêché véniel au Mont Gozzi



 Le Soulak à la vire médiane, comblé, et heureux !


Francardu ; où nous nous refugiâmes un jour de pluie et où nos 2 locaux favoris nous démontrèrent, encore une fois, toutes les ficelles d'un échauffement effectué dans les règles de l’art… Véronique et Davina n'ont qu'a bien se tenir !!!
Cyril nous gratifiera cependant d’un fabuleux run du kosavare ( essai numéro un :) dans La Guirlande 8a, ou de manière totalement inespérée il effleurera le bac final. A croire peut être que le biceps droit manquait un peu d’échauffement.
Bravo à lui, en particulier pour cette vente inopinée de Rêve, effectuée avec splendeur et volupté.
J’en profite pour torcher cette même voie ainsi qu’un  8a très physique en fond de grotte, apparemment un chouilla trop pour le Soulak qui s'est chatouillé sur le dernier mouv, avec une méthode pour vertébrés tétrapodes ailés de plus de 3 mètre d’envergure.

 La guirlande en lévitation 

 Sauvez la guirlande 8a de conti









Les couleurs automnales bien retranscrites par le Kodak de compet 

Un autre spot visité fut la Restonica: C’est majeur, du granit parfait, et des voies mystiques surtout dans les 6 et 7 ème degrés. Des nids d’abeilles, des fissures, de belles règles enduisent les beaux morceaux de granits posés en fond de vallée.
La caillasse là bas vous parle et vous appelle comme le chant hypnotique des sirènes...Mais l'appel de la charcutaille était plus fort et nous barbecutâmes, avant de grimper et sur le parking, un petit figateli afin de suivre scrupuleusement notre programme diététique (à base d’huile d’olive en intraveineuse et charcut, fromage, exclusif).
Les doigts suintants le bon gras du cochon des montagnes et presque trempés par l’excitation et l’énergie que dégageait  ce lieu; nous voilâmes donc partis à la recherche de lignes majeures. Très vite nous nous dirigeâmes vers la premiere école après quelques voies mystiques entre 6c et 7a, action sur le jambon !
Nous nous lançâmes dans syndrome Topaze 8a en bord de route.
La ligne avait l’air majeur, dans un granit sur compact. Mais là, c’est la désillusion totale, une lichette de sika enduisait toute les prises de pieds comme de mains de la voie. On pouvait entièrement retracer les méthodes utilisées par l’équipeur et le pompon sur le cagot, en milieu de voie, l’endroit où une belle rampe part a droite, bien caché, tout droit dans la lissitude absolu, un joli bi-perfo a fleuri  … 
Bref une voie qui fut majeure et naturelle a été transformée en une voie en plastique dégueulasse (même si l’effort reste intéressant et bien rési).
Erreur de jeunesse, influence culturelle de l’époque, un manque de jugeote de l’équipeur ou tout simplement un mix des 3… on en saura pas plus.

La brindille corse Soulé plie la voie après des années d’acharnement thérapeutique, preuve en est que les 300 séances de muscu en hypertrophie n’ont pas été vaines. Le gain pharaonique de 15mg de masse musculaire sur chaque biceps et l’apparition d’une douzaine de myofibrille sur ses 2 pectoraux ont permis au  Soulaq de remporter le combat du bien contre le mal et expédier ce vieux démon aux enfers des voies bouseuses.
Chapeau l’artiste.
 A défaut de B.... le Soulak possède un couteau :)


Un autre spot visité et pas des moindres MONTE..

Photo en bois de cagette qui a quand meme l'avantage de montrer la gueule du spot



Apres une piste chaotique, une marche d’approche dérisoire pour nos locaux (plus agiles que des sangliers du maquis) mais euthanasiante  pour de pauvres citadins du continent, l'arrivée au spot fut digne d'une ouverture de cadeau un 24 décembre....
La surprise était de taille: Une lame de schiste déversante, coupée au couteau, à la limite de la perfection, des spits partout (parfois même trop) et un potentiel de voie equipable plus que conséquent !!
Les voies sont de type rési à doigts d’exception.
Le cure dent Corse Soulak, qui dispose d’avants bras un chouilla plus volumineux que ses deux cuisses réunies c’est trouvé fort aise dans ce style et passe à un cheveu de son premier 7c a vue avec "Damianu". Il tombera tel un pantin désarticulé, (bradé d'occaz sur ebay), au dernier mouv de la section, le cul en bombe (ou en plastique) et les coudes au dessus de la boite à cerveau.
 Bravo a lui.





 Petit problème technique dans la construction des distributeurs Corses...bizarrement la hauteur des urinoirs à été conservée par les architectes de l'île....






Du coup attention a ne pas se planter!!













Bref vous l’aurez compris ce voyage avant tout, fut une extraordinaire aventure humaine, pleine de bonne humeur et de déconne. Je revois encore le soulak brailler à chaude voix, au milieu d’une foule compacte, sur l’embarcadère du bateau : « Boulak !!!!! espèce de vieille fiotte qu’est ce qu’on fout… !!?? ». Je revois encore le regard attérré des personnes qui nous entouraient…la honte ne tue pas, et ces situations nous rendent plus forts… (d’après mon Sépagravologue )




La Corse, souvent considérée comme un pays à part entière, est une contrée propice aux belles rencontres. Car même si peu de gens osent le dire : Les Corses sont gentils !
Je me souviens encore de ce petit vieux qui dans un village paumé nous a invité à rentrer chez lui pour prendre de l’eau car la fontaine du village était cassée. Il nous aura même offert une bouteille de rouge maison  grande réserve 2010…le breuvage était embouteillé dans une bouteille d’eau gazeuse. Le Pchitt a l’ouverture nous a pas effrayé au premier abord, l’odeur âcre non plus, mais alors le gout…j’ai cru que mes chicots allait en tomber…je ne savais pas que le vinaigre balsamique pouvait se boire…
Peu importe, l’intention était d’une gentillesse rare.
On n’oubliera pas l'hospitalité des locaux ;Thierry, Cyril, Nico et Alex dit La pute qui nous ont accueilli chaleureusement en nous ouvrant leurs logis, des fois sans même nous connaitre et peut être sans le savoir…: merci à un certain Philippe, et bravo à lui pour sa suspension à une main sur LE PLAT.
Ps : on s’est lavé les mains avant de le toucher.
      Bartasse, rigole, picole…entre herbologie, rallye, et odeurs de maquis…au milieu, de ce que certains appellent; fouillis, nous trouvâmes un bel équilibre, qui nous laissa comme une saveur amère, quand le bateau s’est éloigné du quai, et quand le plancher s'est mis a tanguer.
"Baudelaire 2011"


Photo artistique au kodak flash



Les grands gagnants du jeu concours


Seguimos a muerte y Pruch'ella duri!!!!


Texte: Adrien Boulon

Photos : A Boulon, T Soulé (Kodak flash de première génération)

             T Souchard (appareil flash a affichage instantané d’images, et zoom polychromatique de type bziippp)